Dernières flâneries dans Amman

En attendant notre vol du soir, nous passons du temps assis à l’ombre à l’entrée du forum.

De jeunes Ammanais effectuent des prouesses avec leurs rollers, faisant des figures sur une seule roulette, montant les escaliers 2 à 2 et les redescendant à toute allure à reculons ou de profil en position de seconde de danse classique…

Nouveau passage au souk. On veut acheter des bananes mais en fait on se les voit offrir… Partout et toujours des « Welcome ».

Le soir, tout s’anime. Les décorations lumineuses installées en vue du Ramadan qui commence dans 6 jours évoquent Noël chez nous.

Egalement foulards de fête :

Une jeune avocate néo-zélandaise, qui part faire un master de droit international en Belgique, se joint à nous pour le trajet à l’aéroport. Elle revient d’Iran et d’Israël et s’enquiert du fonctionnement politique en Jordanie. C’est le roi qui nomme le premier ministre, le parlement approuvant semble-t-il systématiquement ses décisions. L’aéroport Queen Alia, à 32 km au sud d’Amman, porte le nom de la troisième femme du roi Hussein, tuée dans un accident d’avion en 1977. Il comporte 3 terminaux et son architecture est plutôt réussie.

En espérant que ce blog ait incité certains d’entre vous à suivre nos pas en Jordanie, je vous dis à bientôt peut-être pour un prochain voyage.

Bises

Les châteaux du désert

Déjà notre avant-dernier jour de voyage…
Nous sortons d’Amman direction plein est. C’est dans cette zone que se trouve la radio nationale jordanienne. Nous traversons ensuite une localité où se trouve une carrière qui dégage une poussière blanche sur toute la ville, on ne voit plus le soleil… Puis nous dépassons un camp d’entrainement militaire où les Américains entraînent l’armée irakienne et pénétrons dans le désert oriental, plat, aride et glabre.


Nous traçons sur une route relativement déserte hormis des camions (en particulier camions citernes alimentant la Jordanie en pétrole depuis l’Iraq et l’Arabie Saoudite) jusqu’à Azraq sans être freinés par les multiples ralentisseurs habituels. Là on retrouve des arbres mais cette réserve humide a beaucoup souffert de la nécessité d’approvisionner en eau la capitale Amman. Azraq signifie bleu en arabe, cette couleur évoquant celle du lac qui s’y trouvait alors. La ville s’est peuplée de nombreux réfugiés, d’abord druzes après la première guerre mondiale, puis tchétchènes, et plus récemment palestiniens et syriens. La frontière syrienne est à une soixantaine de km au nord, la frontière avec l’Arabie Saoudite à une soixantaine de km au sud-est.
Le fort d’Azraq, en basalte noir,

fut le quartier général de Lawrence d’Arabie et de sharif Hussein bin Ali pendant l’hiver 1917-1918, lors de la révolte arabe, après que les Turcs en aient été chassés. Sur ce site existaient déjà des constructions romaines (300), puis les byzantins, les Omeyyades, les Ayyoubides (en 1237) le rénovèrent puis le fortifièrent.
Antoine a du mal à pousser le lourd battant de la poste de basalte.
Dans l’entrée, dalles entaillées par les gardes qui jouaient avec des cailloux.
Lawrence logeait dans la salle munie de meurtrière au-dessus de l’entrée sud (par laquelle nous pénétrons nous-mêmes).


Au centre petite mosquée datant du XIIIème.
Vestiges de puits, cuisine et salle à manger, écuries, prison…

Quelques pierres gravées :

:


Une porte faite d’un seul bloc de basalte ferme l’accès de la tour ouest.
En revenant vers Amman, le château d’Amra s’élève seul en plein désert, construit par le roi omeyyade Walid 1er vers l’an 711. Il existait autrefois également un caravansérail. Ce qui fait l’intérêt de ce château, ce sont ses fresques, en cours de restauration d’ailleurs, pour lesquelles il est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Elles célèbrent les plaisirs terrestres, en particulier celles des bains, ce qui est tout-à-fait surprenant dans le contexte de la rigueur religieuse musulmane.
Salle d’audience :


Apodyterium (vestiaires) :

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Tepidarium (bassin d’eau tiède):

Calidarium (bassin d’eau chaude).

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Dernière étape avant Amman, le Qsar Kharana, construit également par les Omeyyades, qui ne semble pas être un fort (tours pleines, fenêtre étroites mais n’ayant pas la forme de meurtrières),

ni un caravansérail (aucune route commerciale en cet endroit), mais plutôt un lieu de réception de délégations.


Vaste cour intérieure,

écuries

et nombreuses salles de réception.


De retour à Amman, nous prenons congé de Nedal, qui doit prendre en charge un groupe de Russes demain (il est arabophone, anglophone et russophone) et ne pourra nous conduire à l’aéroport.
Amman by night depuis la terrasse de l’hôtel.
Bises

Retour à Amman

A quelques pas de notre hôtel, une église orthodoxe grecque du XIXème, l’église Saint-Georges,

abrite une mosaïque représentant la plus ancienne carte de Palestine connue. Elle a partiellement survécu dans les décombres d’une ancienne église byzantine (560).

Un centre d’artisanat se visite et vend ses réalisations au profit de la communauté. Les mosaïques réalisées de façon traditionnelle avec de très petits fragments de pierres locales de couleur jaune, rouge, blanche, grise et verte, pris à la pince et collés sur un support tissu avec une colle à base de blé, sont nettement plus belles et fines que celle utilisant la technique moderne. Sont également réalisées des céramiques peintes à la main.

Le Mont Nebo, à quelques km au nord-ouest de Madaba, est un lieu de pellerinage, visité par le pape Jean-Paul II en 2000. C’est là que Moïse aperçut la terre sainte de Canaan et fut enterré.

Un mémorial, oeuvre d’un artiste italien, symbolise la mort de Jésus sur la Croix et le serpent d’airain que dressa Moïse dans le désert.

L’église du mémorial de Moïse abrite de magnifiques mosaïques:

Nous avons prévu ensuite d’aller voir les mégalithes de Wadi Jadid datant de 5000 à 3000 ans avant J.C.. Nous tournons pendant une heure avec de multiples coups de fil de notre chauffeur et des conseils contradictoires de Jordaniens pourtant bien intentionnés, dont l’un portait un T-shirt publicitaire orange faisant en français de la publicité pour une viande de porc grillée… Peut-être un chrétien et non un musulman (la communauté chrétienne de Madaba étant plus importante que dans les autres régions), ou lui a-t-on fait une mauvaise blague? Bref, alors que nous espérions participer au sauvetage de ces mégalithes en témoignant de leur intérêt (les habitants ayant détruit au marteau piqueur l’un des plus remarquables de crainte de perdre leur terre), nous atterrissons sur un camp de réfugiés devant lequel Nedal s’empresse de faire demi-tour, et décidons de rentrer à Amman. Dans un magasin de vente de fruits secs, nous avons eu la surprise de nous trouver nez-à-nez avec les 2 charmantes japonaises avec qui nous avions lié conversation à Aqaba, en périple pour 3 mois (elles partent ensuite en Turquie, en Grèce…).

Petite montée à Darat al-Funum, actuellement en travaux et avec seulement une exposition sur des documents officiels depuis la création de la Palestine jusqu’au XXème siècle, sans aucune explications…

L’escalier pittoresque qui y mène

a permis à des tagueurs de s’exprimer.

Bises

De Dana à Madaba

Aujourd’hui longue étape de 200 km avec Nedal.                                                     Régulièrement des éoliennes (l’électricité est importée mais aussi éolienne et solaire):
Nous stoppons à Kérak dont la forteresse, construite par le roi de Jérusalem Baudoin 1er en 1142, domine la ville qui s’était développée sur le chemin caravanier entre l’Egypte et la Syrie. Les armées de Saladin prirent le château aux croisés en 1183. Le sultan mamelouk Baybars s’en empara à son tour en 1263.

Nous gagnons d’abord la galerie des croisés et la porte des croisés maintenant condamnée,

mais avons quelques difficultés pour trouver les cuisines dans un enchevêtrement de portes

Un long tunnel chichement éclairé de place en place par quelques ouvertures de la voûte

nous conduit à l’extrémité sud du site où se trouve le palais mamelouk, son hall de réception, sa mosquée.

La tour nord:

Vue sur les alentours

Nous poursuivons par la route du Roi qui devient très sinueuse et pittoresque dans le Mujib:

Deuxième arrêt pour admirer, dans un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, des céramiques parmi les plus belles du monde dans l’église Saint-Etienne à Umm ar-Rasas (785). Elles représentent des scènes de la vie quotidienne, des maisons…

D’autres ruines d’églises sont disséminées sur ce site, désert par ailleurs (Nedal nous dit n’être venu ici avec des touristes que 4 fois en 10 ans).

Nous atteignons heureusement à temps Machéronte, le château d’Hérode le Grand. Il ne reste pas grand-chose des fortifications datant d’un siècle avant J.C. mais le cadre est tout-à-fait remarquable.

Nous descendons l’escalier aux marches hautes et irrégulières permettant d’accéder au chemin qui gravit la colline dans le sens des aiguilles d’une montre.
Au sommet, quelques vestiges de murailles, des bains, 2 colonnes, le site du triclinium où dansa Salomé, obtenant ainsi d’Hérode Antipas la tête de Jean-Baptiste, et une vue…

Nous avons apparemment fait l’ascension en un temps record d’après le serveur du bar où nous attendait notre chauffeur, visiblement pas si tôt vu sa mise en garde concernant la fermeture du site.
A Madaba, bonne douche dans un bon hôtel et petite balade by night.


Bises

De Petra à Dana

Le siq al-Barid appelé habituellement Little Petra, à une dizaine de km au nord-ouest de Petra, ancien centre agricole, faubourg marchand et caravansérail, est de dimension beaucoup plus modeste.

Dans les élargissements du site, on trouve un temple,

un triclinium

et une maison peinte.

De l’entrée de ce site, on peut également accéder aux ruines du village néolithique d’al-Beidha, datant de 9000 ans avant J.-C., dont il ne reste pas grand-chose, mais dont le musée d’Amman soulignait l’importance (passage d’une communauté de chasseurs-cueilleurs à une société de cultivateurs-éleveurs).
Remontant par la route du Roi,

Nous faisons un arrêt à l’imposant château de Shobak dans un cadre de collines arides.

Il fut construit par le roi de Jérusalem Baudoin 1er en 1115 ( il portait alors le nom de Mons Realis). Il fut pris par Saladin au terme d’un siège de 18 mois, puis par les Mamelouks au XIVème siècle.

Eglise

Marché

Ecuries royales

Passage secret

Bâtiment transformé en école par les Mamelouks

Sur le pourtour du donjon, inscriptions coraniques en écriture toufique

Cour de Baudoin 1er

Bains

Tour de guet

Seconde église

Tour de défense

Cuisines

Pressoir à huile

Un peu plus au nord, le village de Dana, datant du XVème siècle, se trouve dans un cadre magnifique au sein de la Réserve de Biosphère.

Celle-ci comprend de hautes falaises de grès (atteignant 1700 m) et la vallée (avec une zone au-dessous du niveau de la mer vers le wadi Araba) et est propice aux randonnées.

Notre hôtel se trouve dans la rue principale. Hkrakrak a tenu à se faire photographier devant la porte avec notre hôte.

Voici notre home pour 2 nuits (avant-dernière porte).

« Dana » signifie « dur », « difficile ». Le village, isolé en particulier en hiver où la route n’est pas accessible avec le froid et la neige, a été en grande partie abandonné et comporte de nombreuses ruines.

Les terrasses autrefois cultivées du fait de la présence de sources reviennent pour la plupart à l’état sauvage. La Royal Society for the Conservation of Nature essaie de promouvoir l’écotourisme. Un petit musée a été créé pour sensibiliser les écoliers à la protection de l’environnement.

Nous partons en balade de bon matin avec un gardien et guide du site Ahmed. Ses grands-parents avaient une vie difficile : 6 mois dans la vallée et 6 mois dans la montagne avec leur troupeau.

Sources, réservoir d’eau, canaux d’irrigation et de la verdure…:

grenadiers, langue de belle-mère, poiriers, abricotiers, figuiers, oliviers, genévriers, menthe sauvage et même quelques pieds de vigne

Beaucoup d’oiseaux : colibris, étourneaux, perdrix, cailles…, des lézards, des gecos, mais qui attendent rarement d’être photographiés

Egalement des animaux moins sympathiques. Je n’ai pas eu le temps de photographier ce scorpion trouvé par Antoine sur le sentier avant qu’il ne finisse sous la semelle d’Ahmed.

Des grottes

Des fossiles

Et un cadre magnifique

Ahmed part chercher du bois pour une pause thé jordanien.

Une curieuse maison

Et maintenant une sieste jordanienne pendant les heures chaudes.

Bises

Petra

Départ à la première heure après avoir tout rechargé dans le 4×4 qui nous a accompagnés sur les points de ravitaillement et de bivouac. De petits oiseaux viennent profiter de nos restes. 
Nous longeons le Siq Umm Nfoos et Umm Tawaqi où ont été sculptés un portrait de Lawrence d’Arabie (pas vraiment ressemblant) et d’une autre célébrité de la révolte arabe. 
Nous gagnons le Zawaideh Desert où Nedal nous attend déjà. Direction nord. Dans un petit café de la high way, nous apprécions de faire quelques ablutions. La route du Roi est particulièrement pittoresque, dominant la vallée du Jourdain et des siqs. 
Le site de Petra,

auquel nous avons prévu de consacrer 2 jours, est vraiment impressionnant bien que les fonds manquent pour poursuivre les fouilles et en surface (sur une superficie de 240 km², la ville comptant 20000 à 30000 habitants à son apogée), et en profondeur (on estime à 10 mètres en-dessous des parties exhumées les vestiges restant à dégager). Les Nabatéens s’implantèrent dans ce site inexpugnable vers le VIème siècle avant Jésus-Christ et l’alimentèrent en eau par toute une série de canaux depuis la montagne voisine, construisirent des digues, un tunnel d’évacuation des eaux pluviales, des citernes… Les Romains s’en emparèrent et la réaménagèrent.
Les 3 blocs des Djinns monolithiques, datent du premier siècle,

de même que la tombe aux obélisques et le triclinium de Bab as-Siq (où se déroulaient les repas en hommage aux défunts)

Câprier:

Tunnel nabatéen et barrage moderne construit sur une ancienne digue nabatéenne pour empêcher l’eau du wadi Musa de pénétrer dans le siq en cas de crue.

Le Siq, longue fissure d’1,2 km étroite et spectaculaire est dû aux forces tectoniques. Son entrée était surmontée d’une arche monumentale dont on ne voit plus que quelques traces sur l’une des parois. 
La présence de fer, soufre, cobalt et cuivre donnent à cette pierre de grès tendre et facile à façonner des veines de couleur rouge, jaune, gris bleu et verte. Ne dirait-on pas un poisson?

Tombe carrée:

Le siq se rétrécit:
Nombreuses niches abritant des bétyles symbolisant le dieu Dushara:

Sculpture partiellement conservée par le sable dans sa partie basse d’un dromadaire et d’un caravanier

Après un étroit passage,
le Trésor se révèle enfin, taillé dans le grès, mélange d’influences grecques et égyptiennes, sa partie inférieure n’étant que partiellement explorée.
L’espace s’élargit dans la nécropole du Siq extérieur, l’une des tombes présentant des décorations à merlons d’inspiration assyrienne, les autres étant plus modestes.
Peu avant le théâtre un long escalier permet d’accéder en 45 minutes au Haut Lieu des Sacrifices sur le Jebel Madbah
d’où l’on découvre une vue sur le site

et le mont Aaron.

Les obélisques de plus de 6 mètres ont été taillés dans la roche.
Triclinium pour repas des officiants, motah pour les statues des dieux, autel circulaire, bassin pour ablutions et rituels de purification, rigoles pour drainer le sang des animaux sacrifiés

                                                                      Nous redescendons vers la rue des Façades

Le théâtre (1er siécle puis agrandi par les Romains) a été très endommagé par le séisme de 363

Les tombes royales sont plus en hauteur dans le Jebel al-Khubtha

tombeau de l’Urne,

tombeau de la Soie,

tombeau corinthien,

tombeau-palais
tombeau de Sextius Florentinus
Au nord à l’écart, mosaïques de l’église de Pétra (530)
Au début de la voie à colonnades de l’époque romaine, il ne reste que des vestiges de la nymphée que jouxte un pistachier de 450 ans.

Il ne reste pas grand’chose non plus du palais royal, du marché et des thermes qui bordaient cette voie

Nous parvenons ensuite à la porte du Téménos

et au Grand Temple (également très endommagé par un séisme) avec son propylée, son téménos et son théatron

Qasr al-Bint (30 avant J.-C.), rare monument de Pétra entièrement maçonné:

Accessible par un sentier comportant plus de 800 marches,

le monastèrre date du IIIème siècle avant J.-C. et a des dimensions plus imposantes que le Trésor. Il servit probablement d’église à l’époque byzantine.

Encore un petit effort et en 15 minutes nous atteignons un point de vue remarquable sur le Wadi Araba, Israël et les territoires palestiniens.

Le retour depuis le centre du site,

en montée, paraît long et épuisant sous la chaleur. Certains touristes prennent un donkey taxi ou une calèche. Régulièrement, des préposés au ramassage de crottes avec balai et seau…
Nous apprécions le retour à la vie civilisée et un peu de repos dans notre confortable hôtel à Wadi Musa.
Bises

Wadi Rum

Sur la route du désert longeant l’ancien chemin de fer du Hedjaz, nous croisons de temps à autres des convois de wagons qui descendent le phosphate vers Aqaba, et quelques dromadaires qui pérégrinent. Parfois une touche de verdure avec les champs de pastèques.

      

Belle vue sur les Sept Piliers de la Sagesse rendus célèbres par Lawrence d’Arabie.
Après avoir pris les billets d’entrée dans la réserve au Centre d’accueil des visiteurs, notre chauffeur nous dépose dans le désert : on se serait cru dans « Voyage en terre inconnue ».

Un 4×4 arrive à l’arabic time. Un peu de piste
 
et arrivée dans un campement fixe où on nous offre le thé et où on rencontre notre guide Mohamed

En route pour le désert, sans faire le choix d’une monture, vers Siq Umm Kharass et canyon Umm Ishreen.
 
Inscriptions thamoudéennes et nabatéennes

Ascension d’une dune
 
Lunch près de la maison de Lawrence d’Arabie

précédé d’une petite ascension apéritive

et suivi d’une sieste digestive

alors que deux petits chats s’amusent comme des fous.

Nous ne reprenons la marche que lorsque les ombres s’allongent dans les canyons et rendent la chaleur plus supportable. Une petite brise est également la bienvenue.

L’imagination peut se débrider: un beau profil ?

Quelques fleurs du désert ressemblant à des chardons bleus, qu’affectionnent particulièrement les dromadaires.

Notre guide ramasse des herbes dont il détache les piquants. Il les écrase sur une pierre plate avec une autre pierre, les malaxe dans ses mains et nous demande de faire couler un peu d’eau pour se savonner (et çà mousse!). De nombreuses herbes sont également utilisées comme plantes médicinales.
Arche d’Humm Fruth:

Mohamed nous demande régulièrement si çà va, ce à quoi nous répondons avec un sourire radieux « it’s good » ou « it’s OK (en fait la marche dans le sable est épuisante, mais c’est tellement chouette!).
Nous parvenons au lieu de notre bivouac dans le Jebel Burdah (qui comporte un écran en cas de tempête de sable, ce qui ne nous sera pas utile),

habité également par une compagnie de corbeaux. Je ne peux m’empêcher de penser à mon grand-père auvergnat qui se plaisait à dire : »Je suis beau dès le matin, beau sus le midi et encore beau le soir »… Bon, ne vous moquez pas, ce doit être la fatigue!
Notre guide nous dit connaître un lieu magnifique pour assister au coucher du soleil. Nous sommes partants (en 4×4!). De jeunes touristes s’y sont ensablés.

Le spectacle nous laisse sans voix.

Dans la direction opposée apparaît la lune, une belle lune ronde, qui va éclairer notre veillée autour du feu.

Après nos nuits dans des suites, nous avons mieux maintenant: l’immensité du désert pour nous et une vraie cathédrale au-dessus de nos têtes. Nous avons toutefois encore le souvenir de l’ENORME serpent écrasé sur la route de Béthanie mais Mohamed nous rassure: serpents et scorpions sont craintifs et évitent les hommes. Dans notre sac à viande, nous avons un peu de mal à nous endormir, ne pouvant éteindre notre grosse veilleuse dans le ciel.

Le lendemain, nous nous levons avec le soleil.

Peu après, un bédouin d’un certain âge, du même gabarit que notre guide (ils doivent bien peser 45 kg tout mouillés, ce qui n’est pas évident ici) avec un magnifique couteau à la ceinture, nous rejoint pour le petit déjeuner. Voyant mon intérêt pour ce couteau, il me dit qu’il pourrait égorger mon mari et partir avec moi. Antoine ne s’effraie pas : il a mon bâton de marche pour se défendre et sa femme n’a pas suffisamment d’attrait pour justifier un tel geste.

Nous repartons pour 3 heures de marche. Un renard sort furtivement de l’ombre d’un canyon. De place en place des trous de damans, quelques dromadaires…
Arche de Burdah:


Toujours de curieux reliefs érodés par pluie, vent et sable. Petite pause sous un champignon:

Nous prenons notre lunch (poulet cuit au barbecue) à l’ombre de rochers du Siq Mahraq.

Toutefois le soleil gagne et nous devons bouger en plein cagnard pour rechercher une autre ombre propice à la sieste avant de reprendre notre chemin. Un troupeau de chèvres passe à côté de notre natte. Aucun berger, elles rentrent seules à la tombée de la nuit.

Encore 2 heures 30 de marche. Le Siq Al Barrah est impressionnant.

Quelques éclats de voix nous parviennent apportés par l’écho et le vent.
Une autre arche

Nous approchons de notre nouveau lieu de bivouac qui se trouve au pied d’une autre paroi rocheuse. Là, pas de croassements mais le chant mélodieux de sortes de merles siffleurs qui se répondent également avec des « tirouit ».

L’homme au couteau, que nous avons trouvé à chaque étape de cette journée, est là aussi. C’est un grand grimpeur qui a gravi tous les sommets du Wadi Rum. Il nous montre son équipement. Mohamed, lui, est marathonien.
Il nous prépare du poulet et du riz pendant que nous nous allongeons les doigts de pied en éventail. Antoine a pris ses mots fléchés et moi mon ordinateur.
Puis j’ai la bonne idée d’accepter une course dans le sable (particulièrement profond) et me retrouve sur le dos les 2 jambes en l’air!
Bises

Aqaba

La Jordanie possède 35 km de côte sur la Mer Rouge entre la frontière avec l’Arabie saoudite et Israël. Le roi Hussein a échangé 6000 km² de désert jordanien contre 12 km de littoral avec l’Arabie.
Aqaba était sur la route de convoyage du cuivre entre Xème et Vème siècle avant J.-C.. Son fort construit au début du XVIème siècle servit de caravansérail aux pèlerins en route pour La Mecque, et fut occupé par les Ottomans pendant la Première guerre mondiale. En 1916, la révolte arabe soutenue par les Britaniques dont Laurence d’Arabie s’empare d’Aqaba. Le fort bombardé en 1917 est actuellement en restauration et on ne peut y pénétrer.

 
Sur la grande place du drapeau géant marquant l’extrémité est de la plage, nous assistons aux voltiges aériennes de 4 avions (jordaniens? israéliens?) sans doute pour célébrer le 8 mai.

  
Petit tour dans les souks.


Une parfumerie diffuse ses effluves aux alentours. Tout est doré, les flacons sont superbes (la photo est peu parlante malheureusement).


Tentés par un de ces articles?

 
Cet après-midi, petite promenade dans le golfe

  

pour tenter de voir les fonds coralliens dans un bateau à fond de verre.

     En face, la côte israélienne (très courte) et la côte égyptienne (le Sinaï).

Une usine de phosphate:


Le deuxième soir, nous décidons de faire confiance au cuisinier du restaurant syrien proche de notre hôtel.

 

Quelques vestiges de l’ancienne cité portuaire médiévale d’Ayla ainsi que d’une ancienne  église.

 

Chefs d’oeuvre locaux:

 Laurence d’Arabie et Fayçal?

Une petite marina, où ne flottent que des drapeaux jordaniens. Visiblement aucun bateau étranger ne se risque dans le golfe d’Aqaba.

    Souvenir, souvenir…:

 Surprenant…:

Encore un peu de repos avant 2 jours de marche et de bivouac dans le désert (au moins 35° annoncés). Je crains que nous n’ayons guère la possibilité de donner des nouvelles mais à défaut de ne pouvoir souhaiter l’anniversaire de notre petite Romane le jour J, nous penserons bien à elle.

Bises

De la Mer Morte à la Mer Rouge

Aujourd’hui route au sud vers Aqaba par une bonne route ponctuée comme d’habitude de multiples ralentisseurs. Ici la statue de la femme de Loth, neveu d’Abraham qui s’esr retournée vers Sodome en feu et a été changée en statue de sel d’après la légende.

Petite halte à la grotte où vécu Loth et ses 2 filles, qui engendrèrent Moab et Ben-Ammi, issus d’un inceste (faute aux femmes, comme à l’accoutumée, car elles avaient concocté un breuvage pour leur père…), ancêtres des Moabites et des Ammonites.

   
Nous doublons de nombreux camions transportant le sel vers Aqaba.

Ce sel, pauvre en iode, n’est pas utilisé pour l’alimentation mais exporté vers la Russie pour le déneigement. Nous voyons de véritables dunes de sel

 

et également des usines de potasse.


En allant vers le sud, on pénètre dans le désert (le thermomètre de la voiture indique 32°),

très militarisé car nous longeons la frontière. Seulement quelques miradors à intervalles réguliers, des dromadaires et des chèvres.

  
A notre droite, Israël,

 

à notre gauche, le Wadi Rum.


Arrivée à Aqaba
où nous gagnons un Hôtel du centre ville juste en face de la mosquée Al-Sherif Al-Hussein bin Ali. Là nous disons adieu à Akim, dont nous regretterons le sérieux et la compétence.

Vue du balcon de notre chambre

Un escalier conduit directement à la plage:

Pas de foule. Aqaba reste une destination balnéaire pour les Jordaniens.

En face, les lumières de la ville israélienne d’Elat.

Bises

Ma’in et wadi Mujib

Après la gym matinale sous l’oeil désapprobateur du mouton qui occupe une grande partie d’un mur de notre chambre,

nous repartons avec Akim accompagné de sa maman (envers qui il a exprimé un profond respect, et qui parlepar ailleurs très bien français) et de sa fille Sarah qui n’a pas école ce jour.
Sur cette côte escarpée, désertique et toujours très surveillée

 

se trouve un havre de fraîcheur et de verdure, le complexe thermal d’Hammamat Ma’in.

 
Plusieurs cascades et bassins.  L’eau des sources est très chaude et la chaleur dans la grotte est étouffante.Température annoncée: 48 à 65° suivant les mois (55° en mai) .

     Même dans ce contexte abaya, tchador voir bourka continuent à être portés.  Akim m’explique aussi pourquoi les hommes ne serrent pas la main aux femmes : ils pourraient trouver que certaines ont la peau plus douce que la sienne…  La mosquée des lieux:

 et ce qu’on a supposé être un pigeonnier?

Nous nous sommes vu offrir par une femme d’origine russe (d’après ce que nous avons compris), suite au prêt du couteau d’Antoine, des gâteaux maison qui ont fait le bonheur de notre estomac et des bonbons qui ont fait celui de Sarah.

Vue du Complexe Panoramique de la Mer Morte:


Nous renonçons au trail proposé qui apparaît extrêmement sportif avec partie en marche dans l’eau voire à la nage, remontée du wadi avec parties glissantes, descente en rappel le long des cascades, et absence de garantie de voir des bouquetins de Nubie, des loups de Syrie, des hyènes rayées, des caracals et des renards de Blanfort… C’était tentant, mais nous n’avons plus l’âge, soyons raisonnables, même si gilets de sauvetage et secours sont prévus (Akim nous dit que 3 Français s’y sont tués…). En attendant, profitons de la vue sur la Mer Morte depuis la terrasse de notre chalet.

Les reflets dans l’eau deviennent plus nets et surtout les couleurs de la roche deviennent beaucoup plus rouges au soleil couchant.

 

Bises

Béthanie au-delà du Jourdain et Mer Morte

Le long de la faille tectonique, de petits tremblements de terre surviennent toutes les 2 minutes (heureusement non perçus).

On y trouve d’anciennes habitations troglodytes.

Nous arrivons en zone très militarisée,

près de la frontière israélienne. Au bout de cette route, le poste frontière et juste en face la ville de Jéricho:

Akim nous informe qu’il ne faut pas s’arrêter dans cette zone. La vallée du Jourdain et Israël sont noyés dans les brumes:

Un camp de réfugiés palestiniens qui ne peuvent aller ni en Israël ni à Amman:

Nous pénétrons sur le site de Béthanie au-delà du Jourdain, très surveillé, où ont été érigées de nombreuses églises.

 

Les voitures individuelles n’ont normalement pas accès au site, desservi par une navette, mais Akim a un passe-partout… Par contre, il ne faut pas sortir du strict parcours délimité et surveillé par de nombreuses caméras.

Le niveau du Jourdain était beaucoup plus haut et le jardin d’Eden s’est considérablement asséché… Un bras du Jourdain:

Le lieu de prêche de Jean-Baptiste, couvert de saf-safs:

Le lieu de baptême de Jésus sur la source de Saint Jean-Baptiste: 

Les témoignages des Evangiles, les fouilles archéologiques et les chefs de nombreuses églises dans le monde entier dont le pape Jean-Paul II témoignent de l’authenticité du site. Vestiges de 3 anciennes églises dont les mosaïques ont été laissées sous terre sauf une plaque qui en témoigne:

C’est là que les 5 premiers apôtres se rencontrèrent et que le prophète Elie monta au ciel sur un chariot de feu. Des grottes où se sont réfugiés les premiers Chrétiens persécutés par les Juifs:

Eglise orthodoxe de 2003:

Nous parvenons au Jourdain où, sur la berge israélienne, des groupes se font baptiser sous la surveillance de militaires lourdement armés:

 

Nous gagnons ensuite notre Hôtel Resort sur la Mer Morte, très fréquenté essentiellement par des Jordaniens pour ces 2 jours de repos hebdomadaire et également par quelques touristes espagnols. Nous sommes à 400 mètres au-dessous du niveau de la mer. C’est le point le plus bas de la planète. La Mer Morte est plutôt un lac alimenté en eau mais sans déversoir. Son niveau baisse du fait de l’irrigation des cultures avec l’eau du Jourdain en amont, de son exploitation par l’industrie de la potasse et du phénomène d’évaporation. Il serait question de l’alimenter à partir de la Mer Rouge par une canalisation. Le sel souterrain emporté par l’infiltration de l’eau douce de surface crée des effondrements et des dolines (plus toutefois côté israélien).

Vue de la terrasse de la chambre

Les 2 piscines de l’hôtel sont plus fréquentées

que la plage sur la Mer Morte:

Et l’on comprend pourquoi. Si le bain de boue ne nous a pas tentés, nous avons eu par contre la curiosité de nous baigner dans la Mer Morte. Impossible de nager si ce n’est à la chien, facile par contre de faire la planche. Le taux de salinité est de 36%. Il est important de bien se rincer à l’eau douce en sortant ! Le soleil sur l’écran de l’appareil photo fait que nous cadrons complètement à l’aveugle…

 

Bises

Pella et Salt

Nous descendons aujourd’hui vers  la vallée du Jourdain.

Vue en direction de Nazareth:

Nous sommes au-dessous du niveau de la mer et la température augmente de 1° chaque  fois que l’on descend de 100 mètres.

De l’autre côté du Jourdain, Israël et la Cisjordanie. La vallée est une oasis bien cultivée. Nous y avons vu citronniers et même quelques jeunes plantations de bananiers.

A Pella, des habitations troglodytes témoignent d’anciens peuplements.

De cette ville de l’ancienne Décapole romaine, située sur une ancienne route commerciale, ne subsistent que quelques vestiges. Les premiers Chrétiens persécutés s’y réfugièrent. Elle atteignit son apogée à l’époque byzantine. Détruite par le séisme de 747, elles fut occupée par les Mamelouks puis les Ottomans. Restes de fort byzantin, d’église, d’odéon, de temple cananéen, de porte et temple romain, de mosquée mamelouke, de village ottoman, de nécropole…    Surtout vue magnifique sur la vallée du Jourdain et la Palestine.

 

Nous continuons à descendre la vallée du Jourdain, ses champs de serres,

avant de remonter vers vers la vieille ville de Salt par une route pittoresque

 et de refranchir l’altitude zéro:

    Arrivée à Salt (le nom vient de Saltus car région autrefois couverte de forêts). Elle bénéficia des échanges commerciaux avec la Palestine. Elle recèle de beaux bâtiments en grès d’architecture ottomane (fin XIXème, début XXème).

 

Abu Jaber House abritant le musée historique

La grande mosquée

Le souk

La plus ancienne église chrétienne

la petite mosquée

     Après des centaines de marches d’escalier, repos bien mérité dans un hôtel décrit comme simple mais confortable. Jugez vous-même:

Vue d’une des 6 fenêtres de la chambre

Bises

Umm Qais

Cap vers le nord, toujours parmi un relief de collines cultivées. Vue en direction du plateau du Golan et de la Syrie:

Nous nous aventurons près de la frontière syrienne (Akim nous montre les militaires du checkpoint au bas d’une route qui descend sur notre droite, mais nous traçons…) pour nous rendre à Umm Qais, autre ville de la Décapole romaine fréquentée alors par les gens nantis. Depuis que Daech a envahi la zone il y a 2 ans, le site a été délaissé par les touristes.

Il est nettement moins bien conservé et restauré que celui de Jérash, mais le paysage sublime et imprégné d’histoire et de religion imprime un profond respect, même pour des agnostiques. Jésus est venu ici mais n’y est pas resté: il y exorcisa 2 possédés en bannissant les démons dans des porcs qui allèrent se jeter dans le lac Tibériade, d’où le mécontentement de la population qui n’avait plus rien à manger… Ce qui nous frappe également, ce sont les pierres basaltiques noires dues à un volcan syrien proche. Des séismes ont secoué cette zone située le long du Grand Rift.  Comme à Jérash, nous pénétrons dans l’ancienne Gadara par le sud et parvenons au théâtre ouest

 

longeons des échoppes

Le théâtre nord est couvert de végétation et  une partie de ses pierres ont été utilisées pour la construction du village ottoman.

Nous rejoignons le Decumanus Maximus  et la nymphée

Terrasse de la basilique (église octogonale du VIéme siècle détruite par un tremblement de terre au VIIIème) et cour à colonne:

Le panorama sur la Cisjordanie et le lac de Tibériade est remarquable.

 

Notre guide souligne la présence d’un mirador à l’est du fait de l’agression de touristes par les Bédouins. Il renonce maintenant à accéder à cette zone et nous regagnons directement

le bar du site pour une petite pause.

avant de repartir pour Irbid, 2ème ville de Jordanie, qui accueille une importante communauté asiatique et de nombreux réfugiés Syriens. Akim nous montre un quartier syrien qui, à nos yeux ne se distingue aucunement des autres. Il estime, ainsi que la plupart de ses compatriotes, qu’il est normal d’accepter Irakiens et Syriens, dont les pays ont respectivement fourni pétrole et électricité gratuitement aux Jordaniens (ce qui n’est plus le cas maintenant…), même si leur présence contribue à aggraver le taux de chômage (on peut employer actuellement 3 Syriens pour le prix d’un Jordanien).

Akim maudit la conduite des chauffeurs de taxi qui se croient tout permis, ainsi que celle des femmes… Il est irrité par de jeunes Jordaniennes qu’il estime en train de draguer à proximité des hôtels. Il nous indique également que les bons musulmans n’écoutent que des chants religieux (surtout pas de chansons d’amour…!).

Nous avons la surprise de trouver un hôtel 4 étoiles et une luxueuse suite VIP (en tout cas luxueuse pour nous…), en face du campus (22000 étudiants à Irbid).

 

Petite balade le long du boulevard :

   

Mosquée du campus

Nous entrons dans une grande pâtisserie en faisant comprendre que nous ne souhaitons que dévorer des yeux.

Un jeune vendeur nous propose un café turc et lie conversation: il travaille ici les après-midi pour payer ses études universitaires. Il termine dans 4 mois des études dans l’intelligence artificielle.

Un vendeur de jus de fruit « naturel » nous demande si nous lisons le Coran… Bien que nous nous trouvons dans une ville islamique, je crois comprendre qu’il souhaite la bienvenue aux occidentaux, mais je n’étais personnellement pas très à l’aise…

Des mendiants (réfugiés?) sont relativement agressifs.

Optant pour un repas étudiant plutôt que VIP au restaurant de l’hôtel, nous entrons dans un petit établissement de restauration rapide où nous sommes accueillis par un jovial « hello » de 2 étudiants asiatiques. L’un d’eux nous dit étudier l’arabe et souhaiter apprendre le français…  Antoine et le serveur n’ayant pas de monnaie, les étudiants insistent pour payer nos consommations (c’est un comble pour des VIP!). ils sont prêts à nous guider dans la ville mais j’argue de mon travail sur le blog pour nous conformer aux conseils d’Akim d’éviter de sortir de nuit. Donc la « vieille pie » comme m’a appelée Antoine va profiter de sa suite…

Bises

Jérash et Qala’at ar-Rabad

Aujourd’hui nous avons fait la connaissance d’Akim, notre chauffeur guide pour les prochains jours.
Jerash mériterait d’être classée au patrimoine mondial. Le site couvre une immense superficie et il reste encore à découvrir. La ville, implantée près de la « rivière d’or » (ainsi nommée pour ses eaux jaunes) dans la zone verte de Jordanie (en raison de la présence d’une nappe phréatique) date d’Alexandre le Grand (333 avant J.C.). En 64 avant J.C., le général romain Pompée s’en empara. La ville devint l’une des cités de la Décapole et un grand centre de commerce et de troc avec les Nabatéens. Elle connut ensuite des conflits et un tremblement de terre qui contribuèrent à son déclin. La ville nouvelle se trouve de l’autre côté du wadi à l’est, là où déjà vivaient les habitants à l’époque romaine. Le nombre de touristes ayant fortement baissé (le tourisme représentait 50 % des revenus du pays), les Bédouins exploitent surtout leurs terres. Ils n’ont pas de titre de propriété et en cas de litige c’est un sage qui tranche, une main sur le coran. Les collines sont couvertes de vergers (amandiers, figuiers, pruniers, tamariniers, et surtout oliviers).
La ville romaine sortie des sables côté ouest du wadi était celle des affaires administratives, commerciales, civiques et religieuses. On y pénètre par le sud où se trouve l’arc d’Hadrien.


Nous parvenons d’abord à l’hippodrome où avaient lieu des courses de chevaux et de chameaux,


puis franchissons l’arc de Marc Aurèle

et gagnons

le temple de Zeus


et le théâtre sud

en haut duquel nous découvrons une belle vue vers l’est et le forum: 
Les Chrétiens ont pris des pierres aux temples païens pour construire leurs églises (15 à Jérash) : ils allaient prier successivement dans différentes églises contrairement aux musulmans qui sont appelés à prier de nombreuses fois au cours de la journée dans la même mosquée (notre guide souligne qu’eux respectaient les autres croyances et n’ont pas piqué les pierres des autres édifices religieux).


La plupart des mosaïques ont été laissées sous le sable protecteur et on ne peut voir que celles de l’églide Saint-Côme et Saint-Damien (533), deux jumeaux médecins qui moururent en martyrs.
Depuis la porte nord, nous gagnons par le Cardo Maximus, grand axe nord-sud avec son alignement de colonnes,

l’odéon

les propylées du sanctuaire d’Artémis


et la Nymphée


avant de nous rendre au Macellum (marché public)


et de rejoindre le forum

 

La route vers Ajloun domine un magnifique paysage de collines.

 La forteresse de Qala’at ar-Rabad été érigée sur la plus haute par un général de Saladin entre 1184 et 1188 et était un point stratégique de défense contre les croisés.

   Elle fut détruite en grande partie par les Mongols et reconstruite pas les Mamelouks puis occupée par une garnison ottomane. Elle n’a été que partiellement restaurée suite aux séismes de 1837 et 1927.  


La température a soudain chuté avec un vent et des nuages annonciateurs d’orage. Nous gagnons un magnifique hôtel sur une colline entouré de pins et d’oliviers, dont la chambre est pourvue d’un immense lit carré où tiendrait tout un harem.

 
Bises

Tribulations de 2 Drômois à Amman

Seulement 20 minutes de notre hôtel au Musée National: nous avions vraiment prévu large et avons attendu l’ouverture pendant 40 minutes.

Les drapeaux jordaniens flottent devant ce bâtiment moderne où est retracée toute l’histoire des différents peuplements de la Jordanie depuis le paléolithique en passant par certains des premiers sites de peuplement du monde à Ain Ghazal et Al-Beidha, par les Nabatéens, les Romains, les Byzantins, les Omeyyades… Photos interdites.

  

Passant dans le quartier des mécaniciens et carrossiers (où s’alignent des rangées de sièges de voitures plus ou moins défoncés et où la peinture se fait sur le trottoir),

puis devant d’imposants bâtiments officiels que je n’ai pas osé photographier (la Banque Nationale de Jordanie, le département des douanes, le Ministère des finances), nous sommes parvenus à la mosquée du roi Abdallah, au nord du Jébel Amman,

… à l’heure de la prière. C’est la seule mosquée où, en dehors de ces heures, les non musulmans sont autorisés à entrer. Projet du roi Hussein en hommage au roi Abdallah, elle fut achevée en 1989 et peut accueillir 7000 fidèles. Tchador et abaya de rigueur pour les femmes.

   

De l’autre côté de la rue se trouvent une église copte et une église orthodoxe.


Par contre, nous avons décidé ensuite de nous rendre au Royal Automobile Museum: là, problème… Premier chauffeur de taxi (pieds-nus et main gauche enfouie dans un énorme pansement : ne connaît pas… Là encore, je me dis tant mieux car il ne m’inspirait pas vraiment confiance. Deuxième chauffeur, troisième chauffeur, trouvés pourtant non sans mal: idem malgré toutes nos tentatives d’explications. Nous décidons donc de prendre notre courage à 2 pieds et de redescendre jusqu’à notre hôtel. Le réceptionniste comprend qu’il s’agit du King Hussein Park et nous transcrit le nom en arabe, ce qui débloque la situation avec le chauffeur que nous arrêtons. Je vous propose un petit quiz : trouver quels sont ces véhicules qui font partie de la splendide collection du roi Hussein (petit souvenir à celui ou celle qui en identifiera le plus).

   DSC01407     

 
Notre étape suivante devait également sortir des sentiers battus. Notre chauffeur a stoppé devant 2 grands hôtels pour se renseigner, rien à faire. Comme je précisais que c’était près du firth circle et de Marka aéroport, il s’est mis à faire tchouf tchouf : il avait compris que nous souhaitions nous rendre à l’ancienne gare du chemin de fer du Hedjaz, rendue célèbre par Laurence d’Arabie, mais maintenant presque abandonnée. Nous trouvons un grand portail métallique fermé alors que d’après mon guide le site était censé être ouvert de l’aube au crépuscule!

Notre chauffeur martèle le portail et finit par attirer un gardien ; c’est fermé depuis plus d’une heure mais il consent à nous ouvrir. Atmosphère surannée. J’ai beaucoup apprécié, mais on a dû y mettre le prix…

         
De retour dans la Basse Ville, notre chauffeur aussi y est allé un peu fort. Nous avons dû négocier pour faire baisser son tarif d’un tiers. Nous nous sommes réconfortés au restaurant de Jérusalem avant de décider de terminer notre journée par la Rainbow street by night. Accès assez compliqué avec le plan peu détaillé de notre guide, ce qui nous a amenés à demander notre route à plusieurs reprises. Un Jordanien bien intentionné nous a conseillé de couper par un long escalier sombre (nous aurions dû prendre nos frontales…) aux marches inégales et glissantes,

 et qu’avons-nous trouvé en haut? une porte cadenassée!

Antoine voulait abandonner, mais pas question! En fait l’animation un lundi soir après un long week-end était assez limitée.

Au Nara, était attablée la bonne société.

Plus loin, des Jordaniens jouaient au backgammon. Ici on proposait un concert de jazz.

Livraison d’eau

Assez d’émotions pour la journée. Antoine qui craignait pour son genou avec tous ces escaliers, souffre en fait de son épaule. Bon le sac à pharmacie est bien fourni.
Bonne nuit à tous. Bises.

Amman

Retard d’une 1/2 heure pour notre vol d’Air France depuis Lyon : j’ai pu longuement discuter avec une infirmière du travail de la région de Vienne qui se rendait à Boston… Nous sommes juste arrivés à l’heure d’embarquement pour notre correspondance à Charles de Gaulle. Après avoir survolé par un temps magnifique les Alpes suisses,

puis Venise,

l’Albanie, Rhodes, et les lumières de Tel Aviv et de Jérusalem, nous avons obtenu notre visa en un temps record. Notre taxi nous attendait. Il a croisé des connaissances qui nous ont fait leurs salamaleks sportifs en évoquant le PSG et nous avons gagné Amman par la voie express dans une superbe Ford hybride flambant neuve.
J’ai choisi notre hôtel dans la Down Town pour sa proximité avec les sites à visiter, son prix modique et, d’après mon guide, sa relative tranquillité à l’écart des grandes avenues. Nous avons emprunté en effet une rue où les immeubles devenaient plus décrépis, ce qui de nuit n’apparaissait pas très encourageant. Accueil sympa, ascenseur jusqu’au 6ème et dernier étage d’où nous découvrons une vue sur 3 des collines d’Amman, wi-fi (on peut lire nos mails mais pas en envoyer…). Bon, c’est rustique mais propre. Les bruits de l’avenue nous remontent tout de même (on ne lésine pas sur l’usage du klaxon ici) mais nous ne tardons pas à nous endormir… jusque vers 4 heures du matin (3 heures heure française puisque nous n’avons qu’une heure de décalage et non 3 comme indiqué sur notre guide): un retentissant mais toutefois polyphonique et mélodieux appel à la prière secoue la ville, et ce pendant 10 minutes pour avoir la certitude que tout le monde est bien réveillé. Et zut, premier oubli : les bouchons d’oreille!

Vue de la terrasse de l’hôtel

Un imprévu : je comptais changer des euros contre des dinars jordaniens aujourd’hui dimanche mais les banques sont exceptionellement fermées : le 1er mai, jour de la fête des travailleurs, a été accolé aux jours de congé hebdomadaire qui sont le vendredi et le samedi (chez nous on aurait été contents de faire un pont…). Nous nous rabattons sur un bureau de change près de notre hôtel, bien que le taux ne nous paraisse pas très avantageux.
La ville d’Amman compte 5 600 000 habitants soit la moitié de la population jordanienne. Des immeubles en béton beiges parfois un peu défraîchis couvrent assez uniformément les nombreuses collines de la ville (une vingtaine). Sur la plus élevée d’entre elles, le djebel al-Qala’a, se dresse la Citadelle. Le site a été habité dès 1800 avant Jésus-Christ. La ville s’appela ensuite Rabbath Ammon, puis Philadelphie avant d’être absorbée par l’empire romain. Elle connut quelques épisodes de prospérité lors de l’invasion musulmane en 636 et avec le chemin de fer du Hedjaz au début du XXème. Le roi Abdallah en fit la capitale du royaume hachémite en 1923. Suite aux conflits voisins, elle a accueilli de nombreux réfugiés : palestiniens, irakiens et maintenant syriens.
La montée à la Citadelle, avec de nombreux escaliers, est rude sous un chaud soleil, mais le panorama sur la ville vaut le coup :

Des familles viennent y pique-niquer en ce jour férié:


Vestiges du temple romain d’Hercule érigé sous Marc Aurèle (161-180) :

Palais des Omeyyades (720) détruit par un tremblement de terre) et citerne :

Résidence du gouverneur:

Basilique byzantine (VIème ou VIIème siècle) également détruite par des séismes:


Nous redescendons côté sud

vers le forum et l’impressionnant théâtre romain (IIème siècle) bien restauré et utilisé pour des spectacles estivaux,

ainsi que le plus modeste Odéon édifié à la même époque.


Egalement 2 petits musées sympa (ethnographique et des tradition populaires) mais où les photos sont interdites.
Souks aux fruits et légumes:   aux femmes :

  aux volailles:

   des quincaillers:

Mosquée Al-Husseyni (1924):

Nymphée, fontaine romaine partiellement mise à jour:


Duke’s Diwan, ancien hôtel particulier de 1924:


Habibah, dont les kunafas (gâteaux à la semoule, au fromage et au sirop) garnissant de grands plateaux de cuivre sont renommés:


Retour à l’hôtel vers 16 heures, pensant qu’une petite sieste après notre nuit écourtée ne nous ferait pas de mal: petit assoupissement de courte durée interrompu par un appel à la prière vers 16h15…
Bises

H moins 10

Voilà, les sacs sont bouclés : 11 kg pour Antoine (donc un peu plus chargé qu’au Cap-Vert avec paire de basket supplémentaire et bâton de randonnée), 5 kg pour moi (je me contenterai en particulier de mon petit appareil photo compact). Nous allons quitter mistral et températures hivernales (amplitude de 2 à 15°) pour trouver le printemps jordanien (températures annoncées à Amman de 13 à 27°), en espérant que nous ayons plus de chance qu’à Fogo avec l’harmattan et que nous échappions au vent de sable dans le désert (c’est la saison…!). Nous sommes allés faire un dernier bisou à Romane et Clémence avec un gros pincement au coeur.

A bientôt. Bises.